Contexte

La construction de l'Europe d'après-guerre n'était pas seulement une innovation politique. Il s’agissait également d’une expérience spatiale, visuelle et culturelle - ainsi que d'un geste de largesse, un projet fondamentalement généreux : il s'agissait de créer un paysage commun, dans tous les sens du terme. Le concept de paysage, au carrefour de la géographie, de la philosophie, de l'art, des sciences politiques, de l'architecture et des études environnementales, apparaît comme un point de convergence important pour explorer les différentes dimensions de l'expérience européenne. 

Si le paysage est souvent compris comme une belle scène panoramique, contemplée par un observateur détaché, il est aussi l'environnement tel qu'il est formé, façonné, vécu et expérimenté par une communauté, "une façon d'habiter le territoire" (Dauphant, 2018). Compte tenu de son importance sociale, politique et environnementale, il n'est donc pas étonnant que la notion de paysage fasse l'objet d'une Convention européenne spécifique, la Convention du Conseil de l'Europe sur le paysage, adoptée en 2000.

La Convention européenne du paysage, qui vise à promouvoir la protection, la gestion et l'aménagement des paysages européens, met fortement l'accent sur la façon dont le paysage incarne et répond aux objectifs fondamentaux du projet européen lui-même : "Le paysage contribue à la formation des cultures locales et (...) constitue un élément fondamental du patrimoine naturel et culturel européen, contribuant au bien-être de l'homme et à la consolidation de l'identité européenne" (Préambule). En d'autres termes, l'Europe et son union sont visibles et se manifestent en grande partie dans les paysages. 

Ce travail a bénéficié d’une aide de l’Etat gérée par l’Agence Nationale de la Recherche
au titre du programme d'Investissements d'avenir portant la référence ANR-19-GURE-0017 INCLUSU.